Le profond malaise social que la société actuelle est en train de subir ne peut être comblé par les structures de famille traditionnelle. Bien souvent, ces dernières sont à l’origine même d’une vie blessée…
Les relations humaines ont beaucoup évolué en mal, et il est temps de discuter de nouvelles opportunités. Communille, cela apparaît aisément, est basé sur communauté et famille. Il s’agit d’un regroupement volontaire de personnes de différents âges et sexes en une petite communauté ou une grande famille dans l’idée de la grande famille africaine, mais d’empreinte européenne au niveau de la taille. Ce regroupement est basé sur un choix libre et tendant à trouver pour chacun de ses membres un bien-être intérieur, une protection du moi qui ne se retrouve ni dans les communautés traditionnelles, ni dans les familles.
La transformation de la société fait perdre à bon nombre de personnes leurs repères. Un individualisme croissant, le manque accru de respect face à son prochain, la perte de valeurs morales et éthiques brisent une population grandissante de personnes qui se renferment sur elles-mêmes, tombent dans la dépression et se suicident ou deviennent agressives.
Quand la société va-t-elle réagir? Combien de suicides, quel type de témoignages clairs lui faut-il encore? Va-t-elle continuer encore longtemps à observer, passive, l’effondrement social de ses bases?
La communille est une réponse possible au vent glacial de la solitude. La communille est un regroupement de personnes, non pas parce que le hasard a fait qu’elles naissent dans tel ou tel environnement, dans telle ou telle famille, mais parce qu’elles ont pris la ferme décision, après mûre réflexion, de s’engager dans un petit groupe plus ou moins limité en nombre et d’y promouvoir le bien-être de chacun de ses membres.
Partager un lieu commun n’est pas signe de régression, même si cela peut être vu ainsi par certains, insensibles à la décadence morale et sociale de nos sociétés occidentales. Une société comme la nôtre peut-elle encore survivre longtemps sans accepter un petit retour en arrière, une réflexion sur le passé? Et cette régression est-elle si négative, si elle nous sauve la vie? Productivité, croissance, bénéfices sont les maîtres mots que les politiciens et entrepreneurs utilisent à longueur de journée. La productivité augmente sans cesse, les chômeurs également. Les caisses de l’Etat sont de plus en plus vides et les administrés sont lancés dans une spirale de concurrence et d’écrasement de l’autre comme un ouragan qui ne s’arrête plus de tourbillonner. Et au bout, qu’avons-nous? L’explosion. La violence des exclus, de plus en plus forte et de plus en plus fréquente?
Vivre à une vitesse fulgurante, courir toujours après quelque chose est signe d’immaturité. S’arrêter un peu, revenir un peu en arrière, ne peut être que positif. Cela redonne la force d’entreprendre de nouvelles activités, de repenser son passé pour mieux cerner et modeler le futur. Sans halte, sans repos, il n’y a pas d’évolution possible. Nous continuerons de courir tête baissée, de plus en plus agressifs, de moins en moins scrupuleux et quand nous serons tombés dans le précipice, nous verrons qu’il est impossible d’en sortir, que la terre cède sous nos pieds pour nous emporter. C’est à nous de choisir ce que nous voulons et d’agir en conséquence, car il ne s’agit pas de vouloir, mais de faire.
Economie d’espace et meilleure gestion de la vie
Un nombre incalculable d’appartements ou de maisons de nos jours sont habités par des personnes seules. Ils n’ont pas été conçus pour des individuels et représentent ainsi un gaspillage poignant d’espace vital et de ressources. D’autre part, des études montrent que l’espace bâti par personne augmente.
De par mon passé dans l’économie capitaliste, j’ai été formée à l’efficacité. Je propose donc un nouveau mode de vie pour personnes seules, ma proposition étant basée sur différentes expériences vécues personnellement.
Pensées communautaires
Mes pensées quant à une communauté se retrouvent dans le concept de communille, un mélange entre communauté et famille. Font partie de la communille des personnes ayant les mêmes aspirations et les mêmes valeurs à commencer par le respect de son prochain. La communille est constituée de dix à douze adultes, voire moins s’il y a des enfants. Les membres de la communille passent beaucoup de temps ensemble (travail, loisirs) et décident en commun de l’évolution de leur communille. Elle reste ouverte aux échanges avec d’autres et est résolument tournée vers la société. Dans la famille traditionnelle, l’un décide en général de la route à suivre et les autres doivent s’y conformer. Qui ne s’adapte pas et ne se soumet pas, a perdu, il est rejeté. C’est dans ce milieu que l’on retrouve tous les pommés de la société moderne. Dans une communille, les personnes s’y retrouvent, non pas parce que la force des choses les y a contraintes, mais parce qu’elles se sont choisies pour un projet commun. Quiconque ne s’y plaît plus est libre de quitter et de se choisir un autre lieu de vie et de travail. Pas de pression pour raison de relations familiales.
Le bâtiment sous forme d’un “monastère citoyen”
Définition: un monastère citoyen est un lieu de vie et de travail, composé d’un ou de plusieurs bâtiments et regroupant en son sein des personnes ayant décidé, après mûre réflexion, de vivre le reste de leur vie à travailler sur un projet de réparation sociale.
Le projet de communille “Les Bleuets” envisage de réunir en un lieu et pendant plusieurs mois, voire années, des personnes blessées par la vie (séparation, décès brutal, solitude infernale, etc.).
Le projet “Les Bleuets” n’est pas un projet autonome, il doit être intégré dans sa fonctionnalité au village dans lequel il est inséré. De nouvelles activités seront créées pour les résidents de la maison. Elles auront à voir avec des services de proximité ou du télétravail.
Economie
Dans le cas d’une construction neuve pour une communille, chacune et chacun dispose de son propre budget qu’il/elle gère à sa guise. La caisse commune sert aux besoins communs. Chaque membre de la communille est membre d’une association qui gère la maison de la communille. Chaque membre de la communille est propriétaire ou locataire de sa propre chambre avec douche, WC et kitchenette. Les pièces communes appartiennent à l’association et sont gérées par elle. L’association emploie deux personnes pour les services quotidiens de la résidence tels la cuisine, de préférence bio et fortement végétarienne. D’autres activités telles le nettoyage, le repassage, etc. sont également prises en charge par une personne salariée, de préférence des personnes ne trouvant pas facilement d’emploi rémunéré dans la société capitaliste habituelle. Les membres de la communille payent leur part de ces services. Tous ceux qui veulent faire leur propre cuisine, au sens propre comme au figuré, ne sont pas les bienvenus dans la communille, ils ne partagent pas les mêmes idéaux. La communille permet à ses membres de travailler intensément sur des projets vitaux pour la société, car ils sont délivrés des corvées du ménage et permettent en même temps un emploi rémunéré à quelqu’un qui en a besoin.
Les besoins en chaleur thermique de chaque personne étant différents, chaque appartement sera pourvu de son propre compteur. Mais la maison répondra également à des considérations d’économie d’énergie. De même que les services seront facturés en fonction des besoins. Une personne ayant beaucoup de contacts avec des clients pour son travail et ayant besoin d’une chemise repassée tous les jours, paiera naturellement plus que celle qui se promène en T-shirt tous les jours. Les pièces communes doivent être arrangées de telle sorte que des personnes de l’extérieur puissent y venir également, principalement pour contribuer aux activités socio-politiques et culturelles.
Le travail de gestion de la copropriété devrait être effectué à tour de rôle par les membres de l’association qui sont les occupants des appartements.
La communille est constituée principalement de personnes de la vie active ou de retraités actifs. La présence de deux salariées pendant toute la journée permettrait également d’accepter au sein de la communille une personne handicapée ayant besoin d’être entourée.
En résumé, la communille – pourquoi?
- Pour une recherche d’efficacité dans le travail et l’espace de vie
- Le partage des biens matériels
- Le partage des repas pour la communication
- Les échanges d’idées
- Le travail en équipe
- La réduction de la consommation par le partage
- Le partage des joies et des peines
- Un véritable travail pour la société.
Dans la communille, personne n’est la propriété d’un autre. Elle est un compromis entre la petite famille centrée sur elle-même et leurs relations de propriété et les grandes communautés où l’on se perd dans une foule de gens.
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